Les humeurs du Bomber. 1 2 3, Attila est là!

DIMANCHE, 17 MAI 2020, 00:50 - Bomber
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Les « anciens » n'ont pas pu oublier cette formule créée par les supporters en l'honneur d'Attila Ladinsky, centre avant de talent, qui évolua durant deux années au Sporting et qui est décédé jeudi dernier.



L'histoire d'Attila Ladinsky pourrait servir de scénario à un thriller dont l'intrigue se passe à l'époque de la guerre froide.

Jugez plutôt !
Attila profite d'un déplacement à Liège avec les espoirs hongrois qui devaient affronter la Belgique en match amical pour s'échapper de l'hôtel où les joueurs s'étaient installés. Il se cachera durant quelques temps chez un ami à Bruxelles afin d'échapper aux services secrets hongrois.
Interdit de jouer en match officiel, il demande une licence à l'UEFA qu'il obtiendra six mois plus tard. Après l'obtention de cette licence, il est engagé par Feyenoord où il évolue entre 1971 et 1973 avant de rejoindre le Sporting.

Son parcours à Anderlecht débute comme un conte de fées.
Arrivé à Anderlecht quelques jours avant la finale de la coupe de Belgique, il est titulaire pour affronter le Standard au Heizel, car le règlement le permettait à cette époque. En décidant d'aligner d’emblée le nouveau venu, "Polyte" van den Bosch tente un coup de poker extrêmement risqué. Van den Bosch était l’entraîneur adjoint du terrible Georg Kessler qui avait conduit le RSCA au titre un an plus tôt avant de se faire virer quelques mois plus tard.
Les Mauves viennent de terminer sixième du championnat et seule une victoire de la coupe nationale peut leur permettre d'être européens la saison suivante.
Quant aux Rouches, ils viennent de terminer deuxième derrière le FC Bruges.
C'est donc dans ce contexte où les Liégeois sont favoris que van den Bosch jette Attila dans l'arène. S'il s'était planté, le Hongrois aurait peut-être été brûlé après son premier match, mais en scorant à deux reprises, Attila sera le héros de la rencontre et entrera dans la légende.
Le cri de guerre des supporters 1 2 3, Attila est là est né ce soir-là et, grâce à lui, le Sporting sera encore européen pendant ... 46 ans !

Anderlecht s'était trouvé un successeur à Jan Mulder, parti à l'Ajax un an plus tôt.
La belle histoire se poursuit la saison suivante, le RSCA remporte le championnat et, avec 22 goals à son actif, Attila est sacré meilleur buteur de la compétition.
Mais c'est à ce moment que le conte de fée va évoluer en drame qui se clôturera par une véritable descente aux enfers.
Lassé par le comportement peu professionnel de Ladinsky, l’entraîneur Urbain Braems le prive du dernier match de la saison. Il reproche au Hongrois une hygiène de vie en totale inadéquation avec ce que l'on attend d'un sportif professionnel. Attila boit, fume et passe des nuits à sortir. Bien des années plus tard, il reconnaîtra lui-même être régulièrement arrivé à l’entraînement après avoir dormi à peine une heure.
Il ne sera plus très souvent titulaire et ne marquera que 5 goals lors du championnat 74/75 au terme duquel il partira pour le Betis de Séville. Il n'y inscrira que 17 buts en trois saisons, mais reste néanmoins une icône du club, car il inscrivit le but de la victoire au Real Madrid où le Betis ne s'était plus imposé depuis 50 ans et fut le seul joueur de l'histoire à réaliser un triplé contre le rival du FC Séville.
Attila jouera encore durant cinq années en passant par Courtrai, Valenciennes, Toulouse et Amarante (un club de D2 portugaise), période durant laquelle il ne plantera plus que 10 roses.

Ladinsky a gâché un immense talent, car il aimait trop l'alcool, la cigarette et les femmes, mais si le destin sembla lui offrir ses faveurs dans un premier temps, sa vie fut marquée par de nombreux drames qui l'amenèrent à vivre ses dernières années quasiment dans la misère.
Il est indéniable qu'il connut son année de gloire à l'ombre de Saint Guidon puisqu'il remporta une coupe et un titre de champion entre le 27 mai 1973 et le 5 mai 1974.
J'avais 11 ans lors de la finale face au Standard ; j'étais dans le stade et je me souviens très bien des deux buts qu'il infligea à Christian Piot.Je garde de lui le souvenir d'un magnifique joueur, disposant d'un sens du but exceptionnel, qui savait enflammer un stade qui pouvait contenir, en ces temps-là, 36.000 supporters.

Aujourd'hui, Attila a quitté ce monde, il est allé rejoindre Robby, avec qui il constitua une redoutable paire d'attaquants le temps d'une saison, au walhalla des joueurs de foot, mais il est toujours là, à jamais, dans mon cœur de supporter.





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