OPINIONS Comme l'an dernier, le Sporting a entamé sa saison par un plantureux succès lors sa rencontre de gala.
Un 3-0 net et presque sans bavures. Dans les yeux des supporters, ces joueurs invétérés, des reflets d'espoir brillaient comme des émeraudes devant le tapis vert du Lotto Park.
Une semaine plus tard, le doute, ce vilain chiendent qui mine tant nos jardiniers, a refait brutalement surface alors qu'on le croyait éradiqué. L'herbe n'est apparemment pas aussi verte qu'on l'avait espéré.
Riemer pourra-t-il, dans un laps de temps raisonnable, remettre le feu dans les regards ternes et désabusés ?
C'est le débat du jour…
Note préalable de l'auteur
Un débat est une discussion généralement animée entre interlocuteurs exposant des idées souvent opposées sur un sujet donné. Pour qu'il soit productif et amène chacun à s'enrichir et affiner sa position, il est nécessaire de faire preuve d'ouverture, d'écoute et de respect. L'animation n'exclut pas la courtoisie et la bienséance. L'humour est bienvenu. Stay Cool and Open ! ;-)
Let's Go !
La saison écoulée avait commencé sous les meilleurs augures. Après avoir infligé aux Gones, le score fétiche des voisins d'à côté depuis 98, le Sporting avait célébré l'intronisation de Mazzu de la plus belle manière en écartant les côtiers d'Ostende avec un 2-0 bien tassé.
Les premiers signes inquiétants allaient survenir à l'occasion du déplacement la semaine suivante au Cercle de Bruges.
Là, dans l'adversité d'un stade hostile, les Mauve et Blanc avaient sombré corps et âmes devant la puissance et l'enthousiasme débordant des humbles colocataires du Breydel Stadium.
Les rencontres suivantes allaient pourtant rapidement nous rassurer avec 5 succès de rang. Victoires à domicile contre Seraing (3-1), contre les modestes Estoniens de Paide à l'aller (0-2) et au retour (3-0), à Saint-Trond (0-3) et last but not least, un haut fait d'armes commis à Berne (0-1).
Le retour contre les Suisses allait s'avérer bien plus délicat à négocier et à posteriori, bien révélateur des difficultés qui s'annonçaient. Malmené de bout en bout, le Sporting n'avait pu sortir des cordes qu'avec une bonne dose de réussite et une heureuse série de penalties dont les héros avaient été Van Crom et nos jeunots.
Quoi qu'il en soit, le bilan restait à la hauteur des espérances. Fin août 2022, le Sporting pointait ainsi à la 3me place du championnat avec 9pts sur 12 et il s'était assuré un avenir européen.
On l'ignorait encore mais Mazzu avait alors déjà mangé tout son pain blanc et ce d'autant plus, qu'il perdait définitivement à Berne, la pièce majeure de son dispositif en la personne de Trebel.
On connaît la suite…
Le Sporting, se dégradant de semaine en semaine, allait accoucher dans la douleur, d'un misérable 7/30 en championnat et atteindre le point de non-retour marqué par le putsch de la tribune mauve à Sclessin.
On avait touché le fond…
Si on veut prendre la mesure du temps et des évènements, se remémorer ce parcours n'est pas inutile.
Comme le disait l'illustre Churchill : « Un peuple qui oublie son passé est condamné à le revivre »
Riemer, arrivé en décembre 2022, a remis de l'ordre dans la baraque. 5 éléments factuels, donc peu discutables, sont à porter à son crédit :
1°- Le retour à une défense à 4 et l'abandon du 3-5-2 qui avait activé le siège éjectable de Mazzu
2°- Le choix fort et finalement judicieux de Verbruggen au détriment de Vancrom
3°- Une combattivité retrouvée
4°- Un joli parcours européen même si Dame Fortune n'y fut pas étrangère
5°- Une embellie au niveau des résultats en championnat
Slimani, troqué en last minute, en 1 pour le prix de 2, contre Silva et Esposito, avait bien aidé au redressement.
La perte malheureuse de Verschaeren allait coïncider avec une diminution drastique des performances de l'équipe et avec elle, les premiers doutes sérieux quant aux capacités du T1 danois d'être the right man at the right place.
Au regard de la saison écoulée, on peut légitimement tirer 2 conclusions :
1°- Juger le travail d'un entraîneur après un mois de compétition seulement semble prématuré. A plus forte raison encore après 1 ou 2 matches. Au terme des 30 jours glorieux, Mazzu avait tout pour plaire. Un grain de sable (Blessure de Trebel) a coïncidé avec la rupture de sa dynamique.
2°- Après 6 mois, il serait malhonnête de dire que Riemer n'a pas su y faire comme l'atteste l'argumentaire ci-avant. Un autre grain de sable (Blessure de Verschaeren) a aussi coïncidé avec le tassement des résultats.
Par corollaire, et c'est sans doute rassurant, on peut également extrapoler à partir des éléments précédents, qu'un seul joueur peut modifier le rendement global de toute une équipe.
C'est bien connu, l'efficacité d'un groupe bien articulé est supérieure à celle de la somme de ses individualités. Ce n'est pas le cas pour le moment.
Que Riemer se soit planté à l'Union est un fait mais à l'heure d'aujourd'hui, son échec devrait être considéré comme un fait ponctuel et non le signe d'une incompétence établie.
De plus, il semble clair que la victoire de prestige forgée contre l'Ajax a été acquise à un prix considérable.
Riemer, contraint à rassurer les fans du Lotto Park après la déroute subie face au Sparta de Prague, a naïvement livré, clefs en main, ses plans tactiques au rusé Blessin qui a su en tirer profit.
A la décharge du T1 danois, même si certains de ses choix peuvent être discutés, le noyau à sa disposition présente encore des faiblesses rédhibitoires à 2 voire 3 postes au moins.
Pour rappel, le RSCA a enregistré 6 transferts entrants dont 3 seulement sont alignables bien que loin d'être rôdés.
Si un grain de sable peut suffire à gripper une belle mécanique, une pincée d'épices bien choisies permet aussi de magnifier les plats les plus insipides. Il est donc tout à fait possible qu'il ne faille pas grand-chose pour avoir une équipe solide capable de joueur les premiers rôles en JL.
Il semble par contre impossible de pouvoir faire l'économie d'un super 6 et d'un latéral gauche.
Pour les flancs, les départs d'Amuzu, Murillo et même Dreyer pourraient être remplacés avantageusement si une occasion devait tenter le larron.
Début septembre, on saura si Fredberg a mis à la main à la poche pour s'offrir les précieuses épices manquantes.
Riemer, alors en possession de tous les ingrédients nécessaires, sera chargé de nous concocter une soupe qui donne le sourire plutôt que la grimace.
Le 1er octobre, le Sporting se sera attablé à 9 reprises : Union, Antwerp , St-Trond, Westerlo, Charleroi, Genk, Courtai, FC Bruges, Eupen figurent au menu.
A l'issue de cette tournée des grands ducs, il reviendra à chacun d'apprécier les mets servis jusqu'alors et de statuer sur le renvoi ou le maintien du cuistot, ceci afin de prévenir une indigestion du Lotto Park.
Certains diront sans doute qu'il pourrait être déjà trop tard à cette époque mais virer un coach sans que son matériel joueur ne soit complet ne serait pas fair-play.
Il serait plus juste de lui laisser un minimum de temps pour faire ses preuves. Cela a valu pour VK. Cela valait pour Mazzu. Cela doit aussi valoir pour Riemer.
Si Blessin a marqué des points, Deila et Hoefkens, bien que leur phalange ait été opposée à des adversaires moins redoutables que ceux du Parc Duden, n'ont pas non plus présenté une copie rassurante.
Cela peut aider à relativiser.
Riemer, comme tout entraîneur, aura besoin de résultats pour travailler avec son groupe dans la sérénité.
Les résultats, vous en conviendrez, ne sont que des chiffres et ceux-ci n'ont de véritable sens que si on les examine sur une période représentative en tenant compte des ressources disponibles et des circonstances.
Soyons donc attentifs aux choix de Riemer, à ses dispositifs et animations mais aussi aux résultats qu'ils engendrent car ceux-ci constituent in fine le seul juge de paix compétent.
Histoire d'être objectif, si toutefois c'est possible, dans l'évaluation à venir, avec combien de points sur les 27 mis en jeu, seriez-vous raisonnablement satisfait ?
