Après le triplé entre 1953 et 1956, Anderlecht a dû se montrer patient pendant trois saisons avant de pouvoir fêter un nouveau titre. Les Mauves avaient fait leurs adieux définitifs à Jef Mermans, mais l'arrivée du Limbourgeois Fritz Vandenboer en 1958-1959 représentait un vent nouveau. Le Lommelois, qui avait presque manqué ses débuts suite à s'être trompé de chemin dans la capitale bruxelloise, devint rapidement le meilleur buteur de l'équipe après une courte période d'adaptation. Grâce à sa frappe lourde du gauche, il reçut le surnom de "Blitz Fritz", mais ses heures de gloire à Anderlecht furent de courte durée. Une blessure à la colonne vertébrale le força à quitter le club pour Saint-Trond, où il fit encore fureur.

Le premier match de Fritz Vandenboer à Anderlecht n'avait aucun enjeu. C'était en mai 1958 quand Anderlecht disputait un match contre la Juventus à l'occasion des 65 ans d'existence du Léopold Club Bruxelles. Eugène Steppé raconte: "J'avais convenu avec Fritz qu'il devait se présenter peu après midi au stade. Mais le garçon n'avait encore jamais mis les pieds à Bruxelles, et n'avait jamais vu la capitale, même de loin. Quand il arriva en train de Lommel en plein Bruxelles, il se sentit complètement perdu. En pleine panique, il courait partout afin de trouver un tram ou un bus qui pourrait l'amener de l'autre côté de la ville. Il arriva ainsi une demi heure avant le match à la Houba De Strooperlaan, alors que les joueurs étaient déjà sur le terrain en train de s'échauffer et que je n'avais déjà plus aucune sueur d'énervement. J'avais pourtant des raisons de m'emporter car c'était moi qui m'était arrangé avec lui, un peu contre l'avis sceptique de mes autres collègues. Lors d'une mission de scouting dans le Limbourg, j'avais été étonné de la force de frappe de ce garçon, surtout son gauche. J'ai eu d'ailleurs énormément de mal à convaincre les dirigeants d'Overpelt, surtout que Waterschei et Beringen étaient aussi sur l'affaire. Ce n'est que dans les coulisses d'Anderlecht qu'on n'était pas tous convaincus de la valeur de la nouvelle recrue, personne n'avait jamais entendu parler de ce joueur. Vous imaginez donc l'état nerveux dans lequel j'étais quand je ne le voyais pas arriver. J'avais encore une chance: il devait me prouver sur le terrain que je ne m'étais pas trompé. Lorsque Fritz enfila en vitesse un maillot et ses chaussures, j'allai directement trouver l'entraîneur Bill Gormlie pour lui ordonner de façon très autoritaire de faire débuter ce joueur dès le coup d'envoi. Sans comprendre et un peu fâché, Bill accepta. Quelques minutes plus tard, Fritz armait une frappe puissante du gauche et marquait son premier but sous les couleurs du Sporting. On remporta le match 4-1. Le garçon n'avait encore jamais vu ses équipiers de près, ne s'était pas échauffé une seconde mais entrait dans le match avec une facilité déconcertante. Formidable".