Bosman, Johnny Stats

Johnny Bosman (1er février 1965, Bovenkerk; Amstelveen) a vécu une carrière bien remplie. La voici en plusieurs étapes.

Ajax Amsterdam (1983-1988)

"J'ai vécu très tard ma puberté. Quand je suis passé du RKAVIC Amstelveen à l'Ajax, j'avais déjà 17 ans. C'est Jany van der Veen qui m'a réclamé. Un an plus tard, Tonnie Bruins Slot m'alignait dans le noyau A. J'adorais le foot et j'y jouais tous les jours. Cependant, je n'avais pas du tout l'ambition d'en faire mon métier. Je suis aussi allé à l'Ajax avec l'idée suivante: on verra bien. Mais tout s'est passé vite et bien. Bruins Slot m'alignait devant, alors que j'avais toujours écolué dans l'entrejeu. Mais mon timing et mon jeu de tête étaient bons, et je marquais facilement. L'année suivante, je recevais un contrat 'frigo'. Si je refusais un vrai contrat, j'aurais récupéré l'argent que j'aurais gagné l'année précédente. Mais ce fut assez facile, c'était avec Aad De Mos".

"Je me souviens encore très bien de mes débuts en novembre 1983. De Mos m'appela le jour de l'anniversaire de mon père. Marco Van Basten ne savait pas jouer et De Mos voulait m'aligner d'emblée pour le match contre le Roda JC. J'étais nerveux, mais je disputai un bon match, en inscrivant même un but. Des débuts de rêve, en fait. Ce dont je me souviens plus particulièrement, c'est de l'ambiance au 'De Meer' et le petit pain de Tante Sien, des choses dont je suis nostalgique".

"Sous Johan Cruijff, je me suis réellement rendu compte ce que ça signifiait d'être footballeur professionnel. Il apprenait aux jeunes joueurs qu'il fallait s'appliquer sans cesse et penser toujours au jeu. Tout était réfléchi avec lui, on s'entraînait pour devenir réllement meilleurs. Cruijff était très critique, exigeant et rarement satisfait. C'était en somme assez frustrant, je n'ai eu que deux compliments de sa part à l'époque. Le plus beau souvenir reste notre victoire en Coupe d'Europe en 86-87. J'ai inscrit beaucoup de buts importants, 8 en tout, dont deux lors de la demi-finale contre le Real Saragosse. Mais plus tard, j'ai eu un black-out et j'ai frappé quelqu'un. Carte rouge, je manquais ainsi la finale contre Lokomotiv Leipzig. Je pestais. C'est à l'Ajax aussi que j'ai fait mes débuts avec l'équipe nationale, à Eindhoven contre l'Ecosse (29 avril 1986). Le 28 octobre 1987, je marquais même 5 buts lors de notre victoire 8-0 contre Chypre. J'ai porté le maillot national 30 fois en tout".

Bosman a joué 126 rencontres avec l'Ajax et a inscrit 77 buts. Il a décroché un titre national, deux coupes nationales et une Coupe d'Europe II.

FC Malines (1988-1990)

"J'avais 23 ans et je sentais que c'était le moment de quitter Amsterdam. Plusieurs joueurs étaient partis et j'y éprouvais moins de plaisir. Je signai assez rapidement un contrat au FC Malines. De Mos y avait bâti une équipe pour devenir champion de Belgique. On y retrouvait Erwin Koeman et Graeme Rutjes. Je voyais la Belgique comme une étape, et je pensais beaucoup à mes plans de carrière. Je rêvais de l'Espagne et de l'Italie. C'était aussi la première fois que j'allais jouer à l'étranger, la Belgique me semblait donc être le choix le plus logique. Lors de la première saison, mes amis et ma famille me manquaient. Il fallait s'habituer, car les gens en Belgique viennent moins facilement vers vous. J'ai cependant beaucoup appris là-bas au niveau humain, je ne regrette pas du tout cette expérience".

"J'y ai vécu deux années fantastiques. Après la victoire en Supercoupe européenne face au PSV, nous avons décroché le titre. De suite après, De Mos a rejoint Anderlecht. Ruud Krol a pris la relève et il ne s'en est pas si mal tiré. Mais il n'aurait jamais pu faire mieux que De Mos. A mi-chemin, c'est l'assistant Fi Van Hoof qui a repris l'équipe en mains. Les choses tournaient moins bien, les joueurs s'en allaient et je me suis dit qu'il fallait en faire de même".

"Je peux maintenant affirmer avec certitude que Malines a été choix déterminant dans ma carrière. J'y suis devenu un footballeur complet. A l'Ajax, je devais me contenter d'attendre les bons ballons et les pousser au fond. Avec Van Basten, ça marchait vraiment bien. Mais je voulais jouer davantage et faire parler mes qualités de milieu de terrain. Cruijff ne voyait pas trop les choses de la sorte à Amsterdam. Nous avons beaucoup discuté et je lui ai dit que je valais plus que de simplement marquer des buts. C'est ce que j'ai prouvé à Malines. Le système de jeu était plus défensif et je jouais souvent juste derrière les attaquants. J'adorais ça! Je délivrais beaucoup d'assists et je marquais aussi assez régulièrement".

Bosman disputa 61 rencontres avec Malines et marqua à 34 reprises. Il décrocha 1 fois le titre de Belgique et 1 Supercoupe d'Europe.

PSV Eindhoven (1990-1991)

"Après l'expérience à Malines, jétais prêt pour un club en Espagne ou en Italie. Mais aucune offre n'est venue, j'ignore encore pourquoi. Le PSV me voulait pour succéder à Wim Kieft. Le PSV était alors la référence aux Pays-bas et c'était le club qui payait le mieux. J'ai toujours préféré la sécurité et le PSV me la garantissait. Un contrat de 4 ans et proche de la maison. En plus, l'équipe était très forte".

"Vanenburg, Popescu, Romario et moi à l'attaque. Bobby Robson était entraîneur et Frank Arnesen manager. On décrocha le titre, mais ce ne fut pas ce que j'avais espéré. J'y ai vécu une très mauvaise saison, me sentant mal depuis le début. Malines formait un vrai collectif, et c'est dans ces conditions que je suis le meilleur. Le PSV regorgeait d'individualités, mais je ne ressentais pas l'envie de mouiller mon maillot pour un autre. En dehors des terrains, tout allait vraiment bien, mais c'était très différent une fois sur la pelouse. Romario est un attaquant extraordinaire, mais je devais courir pour lui. Il y avait trop d'individualités. J'ai même atteri un jour sur le banc des réservistes. Je savais que j'allais prendre ma revanche l'année suivante, mais je n'ai pas reçu ma chance. Ils disaient que je ne jouerais pas et que je pouvais chercher un autre club. Je ne me sentais plus le bienvenu".

Bosman joua 30 matchs pour le PSV et y marqua 11 buts. Il décrocha 1 titre de champion des Pays-Bas.

Anderlecht (1991-1996)

"J'ai toujours eu un faible pour ce club. J'y allais avec mon père, ce club m'impressionait vraiment. C'était un peu l'Ajax de Belgique: statut et flair. Après De Mos, Johan Boskamp est arrivé et c'était vraiment fantastique. Je travaillais à fond avec lui, simplement car il restait lui-même et savait donner ses entraînements. Avec lui, on ne parlait que de pur football. Son sens de l'humour et sa simplicité avaient de don de rassurer tous les joueurs".

"Ma meilleure saison date de de 1994. Nous avons réalisé le doublé et j'ai marqué 20 fois. Mais la saison suivante fut désastreuse. Je me suis retrouvé logiquement sur le banc, car il y avait trop de concurrence. Quand vous ne marquiez pas pendant deux matchs, votre concurrent direct recevait sa chance. Je passais des nuits blanches et je devais à nouveau tout faire pour récupérer une place de titulaire. La saison suivante, je me suis remarquablement bien repris. Lorsque je fus libre de transfert, ils m'ont proposé un contrat d'un an, revu à la baisse. C'était à prendre ou à laisser. Ils me disaient que je pouvais être content de jouer à Anderlecht. Je me suis donc dit qu'il était temps de partir".

Bosman joua 156 matchs avec Anderlecht et marqua 71 buts. Il fut 3 fois champion de Belgique et remporta une fois la Coupe de Belgique.

FC Twente (1996-1999)

"Avec Hans Meyer, on a terminé 3e lors de ma première saison. Le style de vie bruxellois me manquait, ainsi que la vie à Anderlecht. Mais j'avoue que je me suis vite habitué aux méthodes de travail à Twente".

"L'ambiance était très bonne, ça me convenait à merveille. Je jouai aussi avec l'équipe nationale, mais j'avais le sentiment de ne plus y être vraiment apprécié. Mais après 3 ans, tout recommença: les meilleurs joueurs allèrent voir ailleurs, et ils ne furent pas remplacés. Je pouvais rester et devenir entraîneur des jeunes, mais je ne me voyais pas jouer ce rôle tout ma vie. En plus, j'étais encore en forme et je voulais continuer à jouer".

Bosman joua 87 matchs pour Twente et marqua 34 fois.

AZ Alkmaar (1999-2002)

"L'AZ était un choix logique. Un club avec des ambitions et un président à part. Je revenais à l'ouest et j'allais travailler sous les ordres de Willem Van Hanegem. Ce challenge me réjouissait. Mais quand je suis arrivé, il partait justement. Avec Gerard van der Lem, ça s'est bien passé, nous avons terminé à la 7e place et j'ai inscrit 18 buts".

"J'ai vécu une très belle carrière, avec un total de 251 buts et un bel adieu. Mais je relativise tout suite à l'accident de mon fils Devin cette saison. C'est très dur d'en parler. D'un côté, j'ai vraiment envie d'accorder une interview d'adieu après une telle carrière, mais d'un autre côté, c'est très difficile. C'est la dernière. Je veux maintenant du calme pour pouvoir respirer. Il y a bien sur une ombre qui plane sur ma carrière. Nous pouvons en parler, mais j'ai toujours cette idée: de quoi parlons-nous vraiment?"

"Le football représente 20 ans de ma vie. J'ai connu beaucoup de moments de plaisir, mais quand vous vivez de tels événements, vous vous demandez toujours pourquoi on s'est mis tant de pression. Cela n'a plus aucune signification. La vie privée est 10 fois plus importante. Cependant, j'étais quand même content de pouvoir toujours compter sur le foot quand ça s'est passé. Être occupé physiquement me faisait du bien. On pense toujours à un moment donné: oh oui, j'ai une carrière et la possibilité de bien la terminer. C'est ce que j'ai fait. Le monde du football ne m'a jamais laissé tomber. L'impressionante minute de silence contre Feyenoord est une énorme marque de respect".

"Il faut ensuite se reprendre dans la vie, avec ses hauts et ses bas. On en garde des traces toute sa vie. On regarde les choses différemment. Je ne pense pas que ça aurait dû être ainsi. Mais je pense souvent à la vie après la mort. Il faut croire qu'il y a encore quelque chose".

Bosman a joué 63 matchs avec l'AZ et a inscrit 24 buts.