La parole aux supporters #2

LUNDI, 10 FÉVRIER 2014, 18:58 - Adri
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Comme annoncé dans le premier volet de cette saga, nous retrouvons monsieur Horbach. Il est originaire de la région liégeoise.


Bonjour Monsieur Horbach, louves-vous vous présenter aux autres supporters.

Bonjour à tous, Je m'appelle Philippe HORBACH, Phil pour les intimes, je suis né le 10/03/62 à Nivelles; j'ai effectué mes études supérieures à Liège et j'habite depuis 25 ans la région spadoise.
Je suis marié à une charmante Espagnole qui a énormément de qualités, mais qui malheureusement déteste le foot et j'ai une fille 21 ans et un fils de 17 ans.
Sur le plan professionnel, je suis chargé d'évaluer la prise en charge des bénéficiaires d'institutions qui accueillent des enfants ou des adultes handicapés.
J'adore les voyages exotiques et j'apprécie les restos, le cinéma et la musique.
J'ai joué au foot lorsque j'étais jeune puis au foot en salle jusqu'à 51 ans. Tout petit, j'ai été plongé dans la marmite du Sporting et j'en suis marqué à vie même s'il m'arrive d'être écœuré par le foot business actuel, par la violence sur et en dehors des terrains ainsi que par les erreurs des arbitres trop souvent lourdes de conséquences. J'estime sur ce point que la video pourrait constituer un soutien exceptionnel aux arbitres comme c'est le cas dans beaucoup d'autres sports.

Quel belle présentation! Maintenant passons aux questions, quand on vous parle d'Anderlecht qu'est-ce qui vous vient directement à l'esprit ?

C’est le club que je supporte depuis toujours. Etant âgé aujourd’hui de 52 ans, j’ai eu la chance de connaître l’époque glorieuse des années 70 et 80. J’ai encore vu jouer les gloires des années 60 tels que Laurent Verbist, Jef Jurion, Willfriet Puis et bien entendu Paul Van Himst, mais c’est surtout l’équipe qui a gagné deux coupes des coupes ainsi que deux super coupes (respectivement contre le Bayern de Munich et Liverpool) en 1976 et en 1978 qui m’a le plus marqué. Avec des joueurs tels que Gilbert Van Binst, Jean Thissen, Ludo Coeck, François Van der Elst, Franky Vercauteren, Arie Haan,…, cette équipe était une des meilleures d’Europe qui pouvait partir favorite, en fonction de la forme du moment, contre le Real de Madrid, le Barça ou la Juventus de Turin. Et puis, délibérément, je n’ai pas cité celui qui a illuminé mon adolescence, celui qui restera à jamais gravé dans mon cœur comme le joueur le plus génial, le plus élégant et le plus fairplay du Sporting : Robby Rensenbrink ! Quand j’en parle à mon fils, mes yeux s’illuminent toujours, près de 35 ans après son départ d’Anderlecht, et je lui explique qu’à cette époque, le RSCA a compté en ses rangs et durant neuf saisons l’équivalent d’un Christiano Ronaldo ou d’un Lionel Messi.

J'ai cru comprendre que vous étiez un supporter de longue date, Depuis quand portez-vous le RSCA dans votre coeur ?

Depuis le jour de ma naissance ! Plus sérieusement, mon grand-père a joué en équipes d’âge avec Constant Van den Stock et mon père est né à 100 mètres du stade. Il aime d’ailleurs énoncer avec une certaine fierté qu’il a vécu tous les titres du Sporting depuis 1947. Il paraît que j’ai assisté à mon premier match à l’Antwerp lorsque j’avais un an et demi, mais honnêtement, je ne m’en souviens pas !!! A partir de ce moment, j’ai régulièrement accompagné mon père au stade et j’ai eu mon premier abonnement personnel en 1970. Dans les années 70 et 80, nous suivions au surplus la plupart des matchs en déplacement. Quant à mon fils, je lui ai transmis le virus et il a suivi le même parcours.

Vous êtes originaire de Liège tout comme notre premier supporter. Eprouvez-vous des difficultés à porter vos couleurs en region liégeoise ?

Je suis en réalité originaire de Nivelles où mon père a émigré au début des années 60 pour des raisons professionnelles. Plus tard, j’ai effectué mes études à l’université de Liège et j’ai vécu dix ans dans la cité ardente avant de m’installer du côté de Spa. Il est clair que le mauve ne constitue pas la couleur la plus en vogue dans la région et je dois reconnaître que je suis devenu allergique au rouge. Regarder un match d’Anderlecht à la télévision d’un établissement ou énoncer simplement ses préférences footballistiques amène à s’exposer à des attitudes déplaisantes et régulièrement grossières voire très agressives. Se « chambrer » est un jeu auquel je m’adonne volontiers, mais on est plus souvent confrontés à de l’agressivité qui confine parfois à la haine et cela, c’est inadmissible. En ce qui me concerne, j’ai été éduqué dans le respect de l’adversaire qui est un concurrent et pas un ennemi héréditaire, mais certaines situations particulièrement déplaisantes m’ont amené à avoir des sentiments « anti-Standard » que je m’efforce de canaliser, notamment par des échanges avec des amis standardmen intelligents (si, si, cela existe !) avec lesquels il est agréable de discuter.

Depuis les années 90, l'argent a pris énormement de place au sein du football et bizarrement la fin des grandes années du Sporting correspond à cette période. Que pensez-vous de ce football ou désormais l'argent est roi ?

L’évolution du football où le "pognon " règne en maître va de pair avec la dégringolade d'Anderlecht et de tout le football belge au niveau européen. Souvenons-nous des campagnes extraordinaires de « petits poucets » belges et des éliminations de l’Inter de Milan par Beveren en 1979, du PSG par Waterschei en 1983 et de l’AC Milan par Waregem en 1985. En 1989, le Sporting éliminait encore le Barca en huitième de finale de la coupe des coupes (on préfère ne pas imaginer le scénario d’une même confrontation aujourd’hui) !!!! En fin de saison, il jouait sa dernière finale européenne (la septième en 20 ans). Depuis lors, c'est Waterloo morne plaine ! Je me souviens que suite à la victoire de Marseille en coupe des champions en 1993 et de sa relégation en D2 l’année suivante, Michel Verschuren avait déclaré qu’en y mettant les moyens, le Sporting pourrait également faire des transferts pour gagner la coupe des champions, mais qu’il préférait une gestion saine plutôt que d’endetter le club jusqu’à la faillite. Aujourd’hui, Anderlecht est incapable de rivaliser financièrement avec des clubs russes sortis de nulle part ou avec des Anglais évoluant en deuxième division 2. A de rares exceptions, les grands clubs européens sont endettés jusqu’à la moelle ou ont remis leur destin entre les mains d’émirs richissimes ou de magnats à la fortune douteuse qui les laisseront tomber tels une pomme trop mure lorsqu’ils auront envie de s’amuser à autre chose. C’est profondément immoral et détestable, mais que peuvent faire les clubs belges et même hollandais face à cette situation ?

Du fait que l'argent achète tout dans le football, certains jeunes talent du Sporting sont parti parce qu'on leur proposait de grosse somme d'argent. Pensez-vous que si le sporting s'est fait "volé" par les plus grands clubs ?

Oui, mais Anderlecht fait de même avec d’autres clubs belges ou étrangers qui agissent identiquement avec des formations disposant de moins de moyens qu’eux. Cela peut être comparé aux poupées russes où la plus grande englobe une plus petite qui contient elle-même une plus petite et ainsi de suite jusqu’à la dernière.
Si l’on y ajoute les erreurs de casting (concernant des joueurs jugés insuffisants lorsqu’ils étaient jeunes et qui ont quitté le club), on pourrait imaginer une « dream team » composée de joueurs tels que Kompany, Pareja, Mussonda, Januzaj, Mertens, Martens, Fellaini, Batshuayi, Lukaku,... Avec un effectif pareil, le Sporting pourrait briguer la victoire en Champions league ! La différence notoire, c’est que dans les années 70 et 80, Anderlecht pouvait garder ses meilleurs éléments et c’est dur de suivre l’équipe actuelle quand on a connu la grande époque.

Pour finir, que pensez-vous de la structure familiale qui règne au sein de la direction du sporting ?

Constant VDS a professionnalisé le club et lui a permis de devenir un des ténors européens il y a ... plus de de 40 ans !!!!
Même si le club n'est plus constitué en ASBL, mais en SA, il reste axé sur une structure familiale totalement obsolète dans laquelle Roger VDS et son cousin Philippe Collin occupent les postes clés.
Pour survivre, il est impératif de trouver de nouveaux capitaux. Pour ce faire il me paraît indispensable que Roger VDS accepte de ne plus être le commandant du navire.
Il en va de même pour le stade; de nombreux grands clubs ont quitté leur base d'origine pour s'installer ailleurs en bénéficiant d'une meilleure infrastructure et d'un accès plus aisé. Partager une grande arène multifonctionnelle et facile d’accès avec l’équipe nationale pourrait attirer des investisseurs et offrir plus de confort que le stade actuel et il me paraît insensé d’investir encore des millions pour rénover une implantation urbaine trop exiguë et difficile à rallier.

Je tiens à remercier personnellement monsieur Horbach pour cette interview très pertinente.

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Je vous donne donc rendez-vous mercredi 12 février pour le prochain volet de la saga : La parole aux supporters.

Sur ce, je vous souhaite une excellente fin de journée et à mercredi prochain.

Rappel:

Vous voulez participer à la nouvelle rubrique ? C'est très simple, il suffit de me contacter par e-mail: [email protected] .

Il ne sera pas possible de donner la parole à tous les supporters c'est pour cela qu'il est intéressant pour vous d'accompagner le mail d'une "lettre de motivation" ainsi que 6 thèmes que vous souhaiteriez aborder afin de mettre toutes les chances de votre côté.


Pour toute autre réaction, vous pouvez aussi me contacter sur mon adresse e-mail.




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