Kargamel : Les Questions qui Fâchent … ou Pas ! (Épilogue)

DIMANCHE, 1 AOÛT 2021, 15:27 - kargamel
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OPINIONS

Mini-Série - Épisode IV - Épilogue


Les grands joueurs font-ils de grands entraîneurs ?
Les grands entraîneurs étaient-ils de grands joueurs ?

Ébauche d'une réponse à cette double question.

Et toi, t'en penses quoi ?



La série proposée n'ayant pas rencontré l'intérêt espéré auprès des internautes et eu égard à la chronophagie que nécessite sa rédaction, j'ai décidé de mettre un terme prématuré à celle-ci.
J'espère que ceux qui l'appréciaient comprendront.

Toutefois, afin de limiter les frustrations éventuelles, vous trouverez ci-dessous un condensé des informations collectées et à partir de laquelle il a été possible d'induire quelques tendances.

Permettez-moi d'attirer votre attention sur le fait que le raisonnement tenu dans cette rubrique ne relève pas de la déduction mais de l'induction.
En d'autres termes, il ne s'agit pas d'une démonstration implacable et les enseignements qui en sont tirés n'ont pas force de vérité, tout au plus, mettent-ils en avant les conditions qui semblent donner les meilleures probabilités de réussite d'un T1 au plus haut niveau.

Il est bien sûr permis à tout un chacun de croire en toute hypothèse, la croyance étant un acte de foi, personnel et ne nécessitant aucune justification.
Ainsi, on peut croire ou non en un être suprême tout puissant ou en la réussite de VK à la tête du RSCA, sans que cela ne souffre la moindre discussion.
Par contre, lorsqu'il s'agira d'argumenter et de justifier une position auprès d'autrui, il n'est dès lors plus question de croyance mais d'adhésion.
Dans ce cas, il convient d'avancer des arguments valides, appuyés sur des prémisses tenues pour vraies et étayées par des faits objectifs tels que les résultats obtenus.

J'espère ainsi que cette rubrique, aura pu contribuer, même modestement, à vous forger une opinion qui dépasse précisément le cadre de la croyance et ce, quelle qu'elle soit.
 
Les Données

Téléchargez le fichier cliquant sur le lien suivant : https://www.fichier-pdf.fr/2021/08/01/trainer4/

Les Tendances
 
Au travers du panel des 51 entraîneurs pris en considération, il semble que :

- Les grands entraîneurs n'étaient pas forcément de grands joueurs, 13 sujets seulement sur 27 étant dans ce cas, soit 48 %

- De nombreux entraîneurs de niveau élevé sont issus de joueurs sans carrière professionnelle notoire (14/27), soit 52%

- Une grande majorité des entraîneurs a été adjoint à ses débuts, souvent pendant plusieurs années (35/51) soit 69 %, ce chiffre s'élève à 78 % si on y inclut les entraîneurs ayant exercés à un niveau moindre avant d'accéder à la D1
 
- En plus de Kompany, 5 entraîneurs ont accédé sans transition à un poste de T1 de haut niveau après leur carrière de joueur
  •   3 entraineurs seulement ont accédé directement à l'équipe fanion d'un club huppé de D1 : Blanc, Simeone et Deschamps.
 
Tous trois appartiennent à la classe A des joueurs, tous trois ont commencé dans un club huppé de leur pays, aucun n'a été adjoint ou enseigné par un mentor.
Deschamps et Simeone ont enregistré des succès rapidement.
 
Deschamps connut une première saison très difficile à l'AS Monaco. Il sauva sa tête in extremis et fut assigné à « 2 belles mères » (Jean Petit et Ettori), venus le seconder. Il rectifia le tir au cours de la deuxième saison (Coupe de Ligue et vice-champion). La 3me année, l'AS Monaco termine 3me et atteint la finale de la Ligue des Champions.
 
Le parcours de Simeone est semblable. Première année compliquée au Racing et champion l'année suivante avec Estudiantes del Plata dont c'est le premier titre en 23 ans. Simeone est plébiscité entraîneur de l'année (2006).
 
Blanc n'a pas entraîné hors l'hexagone et ne compte à son palmarès que des titres nationaux acquis avec Bordeaux et le PSG. Il reste sur un bilan vierge à la tête de l'équipe de France. Après être demeuré 4 ans sans emploi, il s'est engagé en 2020 à Al Rayann (Arabie Saoudite).
 
  • Hagi et Klinsmann ont quant à eux, pris en mains l'équipe nationale de leur pays sans transition préalable.
 
Le Roumain a essuyé échec sur échec.
Klinsmann n'a pas convaincu avec l'Allemagne et a échoué au Bayern et au Hertha Berlin.

- Des 18 ex-joueurs professionnels notoires ayant réussi en tant qu'entraîneur de haut niveau, 11 occupaient le poste de médian, soit 61 %.

- De nombreux joueurs de classe internationale (16) ont échoué à se hisser parmi les grands entraîneurs (26), soit 62 %

- Barcelone et Ajax ont une véritable tradition : Les anciens grands joueurs de l'équipe, quelle que soit leur nationalité, se voient souvent confier les rênes de l'équipe fanion, non sans avoir fait leurs preuves préalablement, généralement sous l'aile d'un mentor, ayant lui-même exercé dans l'équipe.

- Au niveau belge et dans un passé récent, la grande majorité des entraîneurs ayant réussi, a le plus souvent connu une carrière de joueur modeste, parfois moyenne mais très rarement au plus haut
  niveau :
  •   VHZ, Clément, Mazzu, Antheunis, Ariel Jacobs, Vanderhaege, Vandereycken, Leekens...
  •   Gerets et MPH font figure d'exception avec un rayonnement international bien qu'ils se soient imposés d'abord en Belgique.
  •   Vercauteren a posé certes sa griffe en Belgique mais n'a pas réussi à l'imposer à l'étranger. 
  • Ceulemans n'a pas réussi au FC Bruges et est resté somme toute un entraineur de clubs moyens voire de D2. A l'instar de Scifo ou Czerniatinski
  • Wilmots a quant à lui échoué en clubs et a laissé un bilan plutôt mitigé en équipe nationale.
  • Geert Verheyen et Franky Vanderlest n'ont pas davantage réussi dans le métier.
 
Conclusions

Entraîneur et joueur sont 2 métiers différents exigeant l'un et l'autre des qualités différentes.

Il est tout à fait possible et même hautement probable (62%) d'être un excellent joueur, voire de classe mondiale et d'échouer en tant qu'entraîneur.
Réciproquement, il est possible d'être un nobody ou presque en matière de footballeur pro et atteindre le sommet absolu en tant que coach.

Enfin, d'une manière générale, il semble bien qu'il y ait 3 filières distinctes pour accéder à une grande carrière d'entraîneur :

1°) La filière courte (1-5 ans)

Avoir été un grand joueur, au poste de médian de préférence

Acquérir les diplômes

Endosser le rôle d'adjoint d'un T1 expérimenté

Faire ses armes en réserves ou divisons inférieures

Accéder au poste de T1 en réserves, divisions inférieures ou mid motor de D1

Remporter un trophée à ce niveau

Accéder en tant que T1 à un club de haut niveau

Faire des résultats conformes aux objectifs et moyens

2°) La filière longue (5-10 ans)

Avoir été un joueur modeste, voire ne pas avoir fait carrière en tant que tel

Bénéficier de qualités tactiques et managériales hors du commun

Acquérir les diplômes

Bénéficier des conseils de mentors

Entraîner chez les Jeunes, endosser le rôle d'adjoint pendant plusieurs années

Accéder au poste de T1 en divisions inférieures

Remporter des titres significatifs à ce niveau

Accéder à un club de D1

Remporter des trophées

Accéder au plus haut niveau

Faire des résultats conformes aux objectifs et moyens mis à disposition

3°) La filière directe (immédiate)

Avoir été un joueur de classe mondiale

Se voir confier un top club ou une équipe Nationale sans expérience préalable

Faire des résultats sous peine de risquer d'être blackboulé ensuite…

 
Selon cette vision, le cas de VK s'apparente à la filière n°3.

Encore faut-il voir si son dernier volet, et non le moindre, sera réalisé.

A titre personnel, j'avais foi en VK au sens défini dans cet article. Je croyais ainsi en lui et j'aurais probablement misé une pièce sur sa réussite à Anderlecht.
Cette conviction n'était ni rationnelle ni justifiée, tout au plus, était-elle intuitée par sa fantastique carrière de joueur, son leadership naturel et sa « mauvitude » viscérale.

L'erreur que j'ai vraisemblablement commise, comme tant d'autres, est d'avoir transféré un peu vite, ses compétences extraordinaires de joueur à celles d'entraîneur.

Aujourd'hui, les résultats enregistrés (61 pts / 129 pts), la qualité de jeu affiché par l'équipe et les 12 dernières rencontres disputées sans la moindre victoire, ne plaident pas en sa faveur.

Cette constatation est d'autant plus regrettable que VK dispose d'un noyau de 40 joueurs estimé à 90 millions (3me de la JL) et que le club dispose aussi du 2me budget de la JL (50 millions).
Si les moyens sont limités et sans rapport avec ceux de Bruges, ils sont aussi largement suffisants pour prétendre à beaucoup mieux. Au moins dans la compétition domestique

Au regard du parcours des entraîneurs évoqués dans cette rubrique, les conditions qui ont le plus souvent conduit à la réussite, ne sont à l'évidence pas réunies.

Est-ce à dire que VK ne réussira pas au RSCA ou ailleurs ?
En aucune façon !

Si la différence entre probabilité élevée et certitude est parfois ténue, la possibilité qu'un évènement rare survienne ne peut être éliminée.
Pourquoi, sinon, jouerait-on au Loto ?

Tant qu'il y a de la vie, ne dit-on pas qu'il y a de l'espoir ?

J'espère donc pour le Sporting que VK réussira mais désormais, j'en doute et les arguments pour ce faire ne manquent pas.

Si ce n'est pas le Prince, que dès lors ce soit un autre.
L'institution doit toujours rester au-dessus des individus, fussent-ils auréolés de leurs légendes.

Et toi, t'en penses quoi ?

COYM

Kargamel
 



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