Les humeurs du Bomber. Lettre ouverte à Marc Coucke!

VENDREDI, 9 NOVEMBRE 2018, 02:18 - Bomber
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JEUNES

Cette « humeur » est consécutive à la énième prestation totalement indigne du Sporting.
Si vous y adhérez, partagez-là au maximum et peut-être qu’un vent favorable la fera arriver à son destinataire.



Monsieur le Président,

J’ai 56 ans, j’ai assisté à ma première rencontre d’Anderlecht à l’âge d’un an sur les genoux de ma mère et je suis abonné depuis 1970.
Certes, je ne me souviens pas de cette première rencontre qui avait lieu, paraît-il, à l’Antwerp, mais je garde en mémoire les joueurs extraordinaires qui ont forgé les exploits du Sporting depuis 50 ans.

Sachez-le, j’ai eu le plaisir de voir évoluer Jef Jurion, Paul Van Himst, Jan Mulder, Gille Van Binst, Ludo Coeck, Swat Vander Elst, Arie Haan, Frank Arnesen, Juan Lozano, Morton Olsen, Pär Zetterberg, Vincent Kompany, Mbark Boussoufa, Ahmed Hassan et tant d’autres magnifiques joueurs sans oublier le plus merveilleux de tous : Robby Rensenbrink !

J’ai vu Anderlecht triompher face au Bayern Munich et à Liverpool lorsqu’ils étaient au sommet de leur art, j’ai vécu des qualifications contre la Juventus et le Barça !
J’ai vu, j’ai vécu… Mais je ne vois plus et je ne vis plus !

Dans les années 70 et 80, le Sporting pouvait jouer des matchs exécrables et se faire battre à Beringen, Berchem ou Diest, mais trois jours plus tôt ou plus tard, il était capable de ridiculiser les plus grands clubs européens.
Le funeste « arrêt Bosman » du 15 décembre 1995 a profondément changé l’histoire du foot.
Les « grands » clubs des « grandes » nations sont devenus de plus en plus riches et puissants alors que les « grands » clubs des « petits » pays ont vu leurs moyens diminuer au même rythme.
En 21 ans, de 1970 à 1990, le RSCA a disputé 7 finales de coupe d’Europe. Il n’en a plus joué une seule sur les 28 années qui ont suivi.

Même si c’est profondément douloureux pour ceux qui, comme moi, ont connu un passé international prestigieux et même si on peut déplorer cette évolution du monde du football, la réalité économique est là et il faut l’accepter, que cela nous plaise ou non, même si l’on rêve secrètement de retrouver un âge d’or qui permettrait de regagner une coupe d’Europe.

En revanche, sur le plan national, Anderlecht est demeuré « la » référence en conquérant le titre une année sur deux et en ayant toujours des artistes capables d’allier l’efficacité à un jeu chatoyant. Bien sûr, ce ne sont plus les stars de l’équipe néerlandaise finaliste de la coupe du monde, mais des joueurs capables d’offrir du spectacle dans notre championnat et à même de réaliser quelques belles prouesses - certes moins glorieuses que leurs aînés - en coupe d’Europe.
Zetterberg ou Boussoufa n’avaient pas l’aura des Haan et Rensenbrink, mais étaient néanmoins de remarquables manieurs de ballons qui pouvaient encore faire rêver les fans par leurs qualités footballistiques.

Sur les 15 dernières années, le déclin du Sporting s’est accentué, mais le niveau de l’équipe descendait marche après marche, il a dégringolé trois étages d'un seul coup cette saison.

Que se passe-t-il, Monsieur le Président ? Pourquoi cette chute vertigineuse ?
Vous êtes devenu le boss du Sporting il y a près d’un an.
Votre arrivée a réjoui l’immense majorité des supporters, dont je faisais partie.
Notre club - car il fut bien le nôtre avant de devenir le vôtre – ne partait pas dans les mains d’un oligarque étranger ou d’un flamingant, mais était repris par un homme d’affaires puissant et avisé d’origine flamande, mais belge avant tout, n’hésitant d’ailleurs pas à investir en Wallonie.
Vous avez suscité des espoirs un peu fous de voir le nom d’Anderlecht briller à nouveau au firmament européen.

Très rapidement, vous nous avez fait comprendre que vous ne seriez pas un grand mécène qui allait dépenser sa fortune en transferts retentissants et cette décision est totalement légitime même si elle a quelque peu refroidi les attentes.
Vous vous êtes ensuite très rapidement séparé d’Herman Van Holsbeeck, à la satisfaction d’un grand nombre de supporters.
Puis vint l’heure de la grande lessive et c’est au karcher que vous avez nettoyé le club, des vestiaires à l’administration en passant par le cuisinier, la diététicienne et combien d’autres encore.
De vieux serviteurs comme Pierre Leroy ou Olivier Deschacht sont passés à la trappe sans raison apparente si ce n’est un désir de rompre totalement avec le passé du club.
Cette volonté de faire table rase du passé s’est traduite également par un changement de sponsor et d’équipementier.

Je ne suis pas un homme d’affaires comme vous, Monsieur le Président, mais dans ma profession, j’ai vu de nouveaux directeurs qui voulaient tout changer en quelques mois et, permettez-moi l’expression, ils se sont tous cassés la gueule.
D’autres, en revanche, privilégiaient une attitude moins radicale en opérant des changements étape par étape et ils ont généralement obtenus des résultats concluants.

Vous devez comprendre que certaines décisions peuvent surprendre, voire décontenancer totalement. Vous liquidez Teodorczyk et Kara parce qu’ils disposent de contrats plantureux et/ou parce que leur état physique vous inquiète, mais vous les remplacez par des gars nettement moins talentueux.
Je ne commenterai pas le niveau de Santini par égard pour la personne, mais le cas de Sanneh est ahurissant.
Dépenser 8 millions pour un défenseur qui n’a encore rien prouvé est déjà interpellant, mais avoir mis une telle somme sur la table pour un joueur qui est souvent mal placé, trop laxiste sur l'homme, mauvais à la relance et qui manque de combativité constitue une forme de surréalisme à la belge.

Et que dire des transferts de Makarenko, Milic, Musona ? Ce sont de bons joueurs pour Ostende, mais pas pour Anderlecht !
Même un Adrien Trebel, pour lequel j’ai beaucoup de respect, n’aurait été qu’un honorable réserviste dans les grandes équipes anderlechtoises. Les temps ont certes changé, mais de là à en faire la star de l’équipe, il y une marge.

Quant à l’entraineur, je n’ai jamais vu, en 50 ans, accorder un tel crédit et faire preuve d’une telle patience par rapport à un tel bilan.
Je n’ai jamais apprécié le limogeage souvent trop rapide d’un coach, mais il faut bien reconnaître qu’Hein Vanhaezebrouck n’a jamais été l’homme de la situation et qu’il préfère mettre la responsabilité de ses échecs sur tout le monde, supporters y compris, plutôt que reconnaître son incapacité à trouver des solutions valables.

Voilà, Monsieur le Président, mon ressenti par rapport à la pire crise que mon club ait connue sur les cinquante dernières années.
je pense pouvoir affirmer que je suis le porte-parole de beaucoup de supporters de ma génération, mais aussi plus âgés ou plus jeunes même si personne ne m’a mandaté pour vous adresser cette missive.

Ceux qui ont l’habitude de me lire savent pertinemment que je peux tremper ma plume dans le vitriol ou me montrer extrêmement ironique et caustique, mais ce n’est pas le chemin que je voulais emprunter pour m’adresser à vous.
Vous pourrez évidemment n’apporter aucun crédit à mes propos en estimant que j’outrepasse mon statut ou tenter de prendre du recul par rapport à la situation.

Je peux en tout cas vous affirmer, avec beaucoup d’humilité, que nous sommes nombreux à ne plus reconnaître « notre » Sporting et à nous poser des questions sur l’avenir de notre club, en espérant qu’il s’agisse uniquement d’une mauvaise passe.
Ne laissez pas notre club s’effondrer et sombrer, Monsieur le Président, et faites en sorte que nous puissions encore arborer fièrement nos couleurs à l’avenir.

En espérant qu’un vent favorable amènera cette lettre jusqu’à vous !

Sait-on jamais !





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