Les humeurs du Bomber (2)

MERCREDI, 5 JUILLET 2017, 02:11 - Bomber
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JEUNES

Lundi, c’était l’anniversaire de Robby, il fêtait ses 70 printemps, mais dans ma tête, il a toujours 25 ans !
Je voudrais rendre hommage à celui qui fut élu meilleur joueur de tous les temps du Royal Sporting Anderlecht!



Il faut avoir au minimum 45 ans aujourd’hui pour se rappeler les dribles, les déhanchements, les accélérations, la technique en mouvement et le sens du but de Pieter Robert Rensenbrink, Robby, Rob ou Robbie pour ses admirateurs.

Alors, je sais, les plus jeunes vont encore se dire « ça y est, Bomber est de retour avec ses souvenirs d’ado, vieux de dizaines d’années ». OK, les gars, c’est vrai, j’évoque régulièrement la dream team des années 70 et celle, à peine moins brillante, des années 80. Désolé si je suis parfois lassant pour les moins de … 40 ans, mais Robby, c’était l’idole de ma jeunesse et il restera à jamais le footballeur qui m’a fait le plus rêver.
Si aujourd’hui, vous avez la chance de voir Messi ou Ronaldo une fois en « live », vous n’oublierez pas ce moment. Moi (comme beaucoup de supporters de l'époque), j’ai vu Robby toutes les semaines à domicile et en déplacement pendant … 9 ans !!!!

Oh, ce n’était pas toujours grandiose, car l’artiste éprouvait des difficultés à se motiver quand il évoluait sur les champs de patates des petits stades des équipes comme Diest, Beringen ou Berchem et il y avait des matchs où notre Robby n’en touchait pas une.
Mais, comme l’a un jour énoncé Raymond Goethals, avec la verve qui était la sienne, lorsque Rensenbrink mettait son smoking de gala pour la coupe d’Europe, c’était un pur régal. Il a littéralement rendu fou les défenseurs des plus grands clubs de l’époque comme Liverpool et le Bayern de Munich.

En ces temps-là, les joueurs ne s’échauffaient pas dans le stade, mais sur un terrain annexe situé derrière l’angle des tribunes 1 et 2. On allait assister à l’échauffement et l’enfant, puis l’adolescent que j’étais, n’avait d’yeux que pour Robby.
Sur le plan humain, on était loin des stars « people » actuelles à l’ego surdimensionné comme Ibrahimovic, Ronaldo ou Vidal. Le passe-temps favori de Robby, c'était aller tranquillement à la pêche.

Sur le terrain, notre numéro 11 était matraqué continuellement. C’était une période où on ne dégainait pas les cartes aussi rapidement qu’aujourd’hui.
Je me souviens, en particulier, de ses duels avec le regretté Fons Bastijns qui évolua comme back droit durant 14 ans au club brugeois. Bastijns descendait Robby plusieurs fois par match dans le but manifeste de l’écœurer et l’arbitre se contentait généralement de siffler. Il l’a blessé plus d’une fois, mais a aussi été ridiculisé régulièrement par l’homme serpent.

Robby fut ballon d’argent européen en 1976 et de bronze en 1978. Il est le seul joueur évoluant dans un club belge à pouvoir se targuer de tels résultats. Et pourtant ! Pourtant, je reste convaincu qu’il méritait amplement le ballon d’or en 1976, mais malgré ses performances exceptionnelles de l’époque, Anderlecht était un « petit club belge » et c’est Franz Beckenbauer, le libero du Bayern et de la Mannschaft qui remporta le trophée.

La coupe du monde de 1978, en Argentine, marquera le début de la fin. Promu capitaine en l’absence de Cruyff, Robby mettra un ballon sur le poteau. A quelques centimètres près, celui qui serait devenu le héros de toute une nation concentra toutes les frustrations des Bataves. Plus jamais, il n’atteindra le niveau qui était le sien par la suite et, après des années de gloire, il quittera le club un soir morose d’avril 1980 pour s’en aller jouer à Portland, aux Etats-Unis. La veille, il avait livré son ultime partie sous la vareuse mauve au Beerschot. Seul, l’emblématique soigneur du Sporting, Fernand Beeckman, viendra lui faire ses adieux à Zaventem.

Celui qui a enflammé le stade durant des années, celui qui demeure le plus extraordinaire symbole du beau jeu, celui qui a rapporté des millions au club s’en est allé sans un cadeau, un bouquet de fleurs ou un simple « merci ». Ce ne fut pas l’attitude la plus louable de Constant Vanden Stock, mais le président n’était pas homme à laisser perler des larmes et le départ de celui qu’il considérait avec affection comme sa danseuse, a certainement touché l’homme profondément.

Plus de 37 ans plus tard, le fabuleux ailier est devenu un « vieux monsieur » atteint par une maladie musculaire dégénérative et l’enfant que j’étais a lui aussi vieilli, mais, comme dans les contes de fées, c’est l’image d’un Robby éternellement jeune qui reste gravée dans sa mémoire.
C’est aussi celle d’un enfant qui n’a jamais osé approcher son idole. Pas un mot échangé, pas un autographe ou une poto dédicacée conservés comme des reliques, mais des souvenirs magnifiques où rêve et réalité en arrivent à se confondre.





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